Accueil > Presse > Dernière Heure : 24 mars 2003

 

Si vous deviez écrire une chronique sur ce CD, par quoi commenceriez-vous?
«C'est clairement un album qui marque la fin d'une époque. Durant six années, nous n'avons pas quitté le grand cirque rock and roll. Nous avons enregistré trois disques et enchaîné tournée sur tournée. Voici deux ans, on a ressenti le besoin de prendre nos distances avec ce milieu. C'était impératif pour notre santé mentale, notre santé physique et notre créativité. Sans ce break, nous en serions peut-être réduits à écrire des chansons sur les chambres d'hôtel, les groupies ou la difficulté d'être des rock stars. Sleeping with ghosts montre que nous avons mûri et que nous  prenons une nouvelle direction. Nous sentons qu'il s'agit d'un disque charnière.»

Les textes font moins référence au sexe, à la drogue et aux excès que sur 
vos trois premiers albums. Vous êtes-vous assagi?

«Il y a eu dans le passé une attitude très arrogante de notre part. Très extrême parfois... Nous étions jeunes. Nous avions besoin de prouver quelque chose au public et à nous-mêmes. Après trois albums qui se sont bien vendus, nous avons envie de dévoiler autre chose de notre personnalité, même si on garde toujours la rage.»

Qu'avez-vous appris lors de l'enregistrement de Sleeping with ghosts ?

«Nous avons appris à nous surpasser. Pour produire ce disque, nous avons choisi de travailler avec Jim Abbiss, un gars qui a collaboré avec DJ Shadow, Björk ou Massive Attack. A la base, Placebo n'était pas trop son truc. C'est qu'on recherchait un gars qui n'est pas familier avec notre musique et capable de nous emmener dans une nouvelle direction. Il nous a appris à dépasser nos limites. Par rapport à notre troisième album, Black Market Music qui était peut-être trop sophistiqué, nous souhaitions revenir à quelque chose de plus spontané. Il nous a fallu trouver nos marques. Au début de l'enregistrement, il n'y avait aucune ligne directrice. On a beaucoup travaillé avec l'électronique avant de revenir à nos bonnes vieilles guitares.»

Vous repartez en tournée. Avez-vous peur de retomber dans ces fameux excès dont vous nous parliez il y a quelques minutes?
«Nous brûlons d'impatience de nous retrouver sur scène. Le son est énorme et c'est là, sur les planches, que nous allons faire la différence. Quant aux excès, on verra bien... D'expérience, on sait que, sur la longueur, ce n'est pas évident de concilier de bons concerts avec une vie nocturne trop mouvementée.»

Ces derniers mois, on a beaucoup parlé d'une collaboration de Placebo avec les bikers américains de Queens Of The Stone Age. Qu'en est-il au juste?
Josh Homme, le chanteur des Queens, nous a en effet proposé d'enregistrer des Desert sessions en Californie. On doit encore accorder nos agendas. On s'est croisés plusieurs fois sur les festivals et le courant est très bien passé. Quand on assiste à un concert des Queens Of The Stone Age, ça nous redonne foi dans le rock and roll. Ces mecs-là ont tout: l'attitude, la sincérité, l'honnêteté et le refus de tout compromis.»

Placebo, Sleeping with ghosts (Virgin). Aux Halles de Schaerbeek, le 5 juin