L'ANTIDOTE |
Brian
Molko prend, avec son trio d’inspiration punk, une revanche sur ses maux
d’adolescent.
Issu de la scène
londonienne, le trio Placebo constitue surtout un groupe international :
son leader , Brian Molko, est en réalité américain ; quant aux deux
autres membres du groupe, ils sont suédois et suisse. D’où une sonorité qui
ne rappelle en rien le clan Britpop, même si tous les groupes anglais se défendent
toujours d’en faire partie.
Le
groupe s’est fait remarqué lors de la sortie de son premier album éponyme,
mais également grâce au look androgyne de Brian Molko. Androgyne dans les
intentions du moins, car même si, comme il le prétend, on le prenait souvent
pour une fille dans la rue, y’a pas photo quant au sexe véritable du
chanteur. Dans cette recherche de la différence par l’androgynie, déjà
exploré par les anciens tels Lou Reed et David Bowie, on trouve l’essence du
rock, à savoir la fuite d’un contexte qui l’étouffe et ne le comprend pas :
échapper à son enfance, et plus particulièrement à son adolescence. Les
textes et la musique de Placebo sont imprégnés de cette période transitoire
de la vie, souvent mal vécue par la plupart d’entre nous, puisqu’elle est
faite d’incertitude, de remise en question et qu’elle est bien souvent mal
perçue par les adultes. Pour Brian Molko, cette période signifie aussi les
brimades et les railleries des autres adolescents mal dégrossis qui l’ont
accompagné. D’où le désir de revanche avec un groupe rock, au sein duquel
il laisse s’exprimer sa rage, sa mélancolie, sa vraie nature d’artistes
augmentée d’un sex-appeal dont il ignorait lui-même l’existence. « Lorsque
je me suis laisser pousser les cheveux, après le lycée, on me prenait pour une
fille. J’étais flatté car ça voulait dire que je n’étais pas moche. »
La fin de l’adolescence ou la fin du cauchemar... A l’épanouissement de soi
qui vient avec l’âge se mêle également une étrange nostalgie. Mais celle
ci se rapporte à une période qu’il aurait dû vivre et
non à celle qu’il a vécue réellement, puisque l’éclatement de sa
personnalité par le biais du rock reflète aussi un désir d’adolescence éternelle.
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Flash-back
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Mais
avant d’en arriver à Placebo, avec son cortège de louanges, Brian Molko vit
au Luxembourg et fréquente une école américaine. Il est mal intégré et
pratique aucun sport, ce qui suffit largement à le marginaliser. Pour tout gâter,
il aspire à devenir comédien, ce qui lui vaut probablement de se faire traiter
de tapette plus d’une fois (insulte préférée des hommes dits virils). Il
prend donc des cours de théâtre depuis l’âge de 11 ans. Enfant, il suivait
également des cours de piano, sous le regard attentif de sa mère. Flop !
par la suite, il se tourne donc vers la guitare, seul, en autodidacte. Pourtant,
très vite, l’ennui le submerge. C’est pourquoi il décide de s’installer
à Londres, attiré par les grandes villes, plus nerveuses, et résolument
allergique au calme des trous perdus. Arrivé à Londres en tant qu’aspirant-comédien,
il est vite gagné par l’attrait de la musique. Fort de sa culture
d’autodidacte, il tombe sur une ancienne connaissance, Stefan Olsdal, alors étudiant
en musique. La rencontre du musicien instinctif, qui n’a pas eu à se débarrasser
de ses influences pour imposer son propre style, et du musicien accompli
constituera une des composantes essentielles du style Placebo. C’est du reste
Stefan Olsdal qui amène au groupe son premier batteur, Robert Schultzberg, dont
ils se sépareront plus tard. Conçu à l’origine comme un trio punk, Placebo
évoluera rapidement vers le stade expérimental, notamment avec l’utilisation
de jouets en guise d’instruments de musique. Quant au départ forcé du
batteur Robert Schultzberg, on ne sait pas grand chose, mais en tant que
chanteur du groupe, Brian se trouve promu au statut de leader avec finalement
plus de délectation qu’il ne veut bien l’avouer. Lui qui, à travers la
musique, cherchait à prendre une revanche sur son passé, le voilà enfin
convoité par les filles, reconnu par le milieu professionnel (notamment Bowie
et Iggy Pop, excusez du peu !) et, surtout, converti en adolescent qui
prend son pied !
S.
Salazar
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