XL : Le premier album se
voulait très sexe, cela reste votre source d'inspiration ?
Brian Molko : Avec le recul, on
s'aperçoit que ce n'était pas un album uniquement sexuel, mais davantage une réflexion
sur les frustrations adolescentes. On parlait d'une certaine forme d'exubérance
qui allait de pair avec la perte de l'innocence. On découvrait les nouveaux
aspects de la vie. Quand tu grandis au Luxembourg, tu n'as aucune opportunité
pour t'amuser, donc dès que tu as l'occasion, tu fonces !
Pour Black Market, vous êtes
toujours aussi exubérants ?
Oui, mais d'une façon différente.
C'est plus un album plus agressif que colérique. Franchement, on a grandi et on
le porte sur nous. Tu réagis plus face au monde et moins sur ta petite
personne...
Tu as déclaré : "Notre
premier album correspond à une grosse teuf et le second à la gueule de bois du
lendemain matin". Peut-on dire que celui-ci est le barbecue du dimanche après-midi
?
Non, c'est une invitation au
voyage, mais à la portée de tous !
Sur un des titres, vous vous
mettez au rap. Pourquoi ?
Déjà, je te rassure ce n'est
pas moi qui rappe, mais un de nos potes... En fait, on aime bien tester des
trucs que l'on ne connaît pas, à l'inverse du son originel de Placebo. Faire
du rap était un truc naturel mais expérimental. Cela fait des années que nous
écoutons Public Enemy en tournée. On est des purs fans. Quand tu aimes un
style de musique, forcément un jour ou l'autre cela remonte dans une de tes
chansons ! Nous avons juste essayé d'éviter les clichés du rap. D'ailleurs
notre rappeur se maquille... comme nous.
Vous êtes l'un des derniers
groupes à se la jouer star et glamour, cela fait partie du show Placebo ?
Star est un mot étrange, car on
se considère avant tout comme des musiciens. C'est clair que nous faisons des
efforts de look mais sans la musique tu n'as pas d'image et inversement. C'est
une relation très ambiguë, bourrée d'émotions et de sentiments mais qui nous
ressemble. Quand je monte avec Stefan sur scène habillé en robe, on prouve aux
gens qui nous regardent que l'on peut être différents, et cela fait partie du
message Placebo. Regarde, les mecs comme Oasis avec des T-shirts et des jeans,
franchement, ils ne ressemblent à rien.
Souvent les gens focalisent
plus sur votre ambiguïté très "Queer" que sur votre musique. Il n'y
a pas des moments où cela vous gave ?
Ouais, parlons de musique
(rires). Si je me maquille, c'est parce que je me trouve plus joli comme ça.
Les femmes font la même chose et personne ne leur en parle. On est juste comme
ça, ambigus. On ne veut plus s'en expliquer longueur de temps. C'est à prendre
ou à laisser.
A vos débuts, David Bowie ne
jurait que par vous, vous en êtes où dans cette relation ?
Il m'a largué ce salaud !
(rires) Je l'ai eu au téléphone, il y a quelques semaines mais il vient d'avoir
un bébé et pour être honnête il pense plus à changer les couches qu'à
parler musique en ce moment... Mais on reste potes, même si on est moins glam
rock qu'auparavant...
Dans votre nouvel album, il y
a un titre qui s'intitule "Special K" (NDRL : une drogue pour les
raves en Angleterre). On peut en conclure que vous êtes toujours très "Sex,
drugs and Rock'n'roll" ?
Bon, Special K est une forme
d'exploration. En fait, on compare le fait de tomber amoureux à la prise de
drogue. Dans les deux cas, il y a une grosse montée et une descente horrible
après. On n'y peut rien, c'est comme ça !
|