Troisième
single issu de Black Market Music, Special K demeure l’un des
meilleurs morceaux du dernier album de Placebo, à mi-chemin entre un 36
degrees endiablé et un You don’t care about us : une chanson
violente, d’une efficacité redoutable, qui redonne la part belle aux guitares
acérées et aux mélodies acides qui semblaient moins présentes chez Placebo.
Curieusement, cette miniature punk semble déclencher outre-Manche une censure
hypocrite dûe à son titre et ses paroles forcement ambiguës. En effet,
Special K est le nom d’un médicament - un type d’anesthésiant - très usité
par une population en mal d’émotions fortes. Brian Molko se contente pourtant
juste d’y comparer l’addiction progressive aux drogues à l’effet de dépendance
que peut engendrer l’amour, thème souvent évoquée dans leur discographie.
Cependant, dans une pays où la prise de drogue est devenue au fil des années
aussi banale que fumer une cigarette, l’affront est majeur. Eminem en a fait
les frais il y a quelques semaines en mimant une prise d’ecstasy devant un
parterre d’ados pré-pubères déchaînés.
Pour illustrer cette chanson "blasphème", Placebo s’est mis en tête
de réaliser un remake personnel du fameux film de Richard Fleischer, Le
Voyage fantastique (1965). Dans ce film, une équipe de scientifiques était
miniaturisée et projetée dans le corps d’un homme mourrant afin d’essayer
de le sauver. En trois minutes et cinquante secondes, Placebo y intègre son
esthétique, patiemment étudiée depuis la première vidéo du groupe : un
monde froid et clinique, dépourvu d’humanité, digne d’une autre grande référence
de la SF, le 1984 de George Orwell.
Placebo en tournée : à Paris le 20 et 21 mars au Zénith, le 28 mars à
Marseille, le 12 avril à Lille et le 17 à Bourges.
Martin
Cazenave
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