Sleeping
With Ghosts s'inscrit dans la lignée des albums précédents - mélange
subtil d'hymnes pop-punk et de balades épurées - mais Brian Molko,
Stefan Olsdal, Steve Hewitt ont profité de leur premier break en sept
ans pour peaufiner textes et textures sonores.
Les thèmes qui ont fait le succès du groupe
(androgynie et excès en tout genre) ne sont que peu abordés. La force
de ce nouvel album semble être sa nécessité. Brian Molko y exprime
des sentiments personnels, comme sa tendance à plonger corps et âme
dans des relations tumultueuses (Protect Me For What I Want), et aborde
des thèmes plus universels comme le devoir de rester fidèle à soi-même
(Plasticine). Si l'amour est très souvent destructeur, il donne également
naissance à de sublimes morceaux comme Centrefolds et surtout I'll Be
Yours, dont les percussions animales et l'incantation poétique ne sont
pas sans rappeler une certaine PJ Harvey. Compliment de taille s'il en
est!
La complexité de Sleeping With Ghosts vient de
l'emploi alterné et déstabilisant d'ambiances éthérées et d'éléments
menaçants. Something Rotten, titre sur lequel on ne reconnaît pas le
style du groupe à la première écoute, est sans doute le morceau le
plus audacieux, avec ses sonorités visqueuses, d'une beauté maladive.
Le traitement du producteur Jim Abbis (Björk, DJ Shadow) n'est pas étranger
à cette évolution. Les faux ratés et les échos mal léchés
contrastent agréablement avec le précédent opus, Black Market Music.
La formule magique du trio révèle d'une efficacité redoutable, à
l'image de Bitter End, le premier single, taillé pour la scène.
Raphaëlle Dedourge
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