Échauffements
Une
foule d’initiés s’amoncelle peu à peu le long du boulevard des Capucines,
puis s’engouffre dans un Olympia sans doute peu habitué à un tel
public. La salle se remplissant, la tension monte et l’on
s’impatiente. En guise d’amuse gueule, Idlewild qui, malgré une
dizaine de chansons énergétique, n’a pas réellement éveillé
l’attention de l’audience (peut-être peu réceptive à leur style
post-punk assez classique). Roddy Woomble, ayant fait un léger effort
vestimentaire comparé à ses camarades de scène, n’a cependant pas
brillé par ses performances vocales.
Le
concert
Après
un interminable pause, les lumières daignent enfin s’éteindre,
s’acclimatant ainsi à l’émotion manifeste qui envahit chacune
des âmes présentes ce soir. C’est alors que retentirent les premières
notes de Theme From Funky
Reverend invitant ainsi la foule à se déchaîner dès l’entrée en
la matière, alors même que le groupe n’est pas encore sur scène.
Tout de noir vêtus, nos trois anges déchus apparurent quelques
instant plus tard. D’abord Stefan Olsdal (basse) qui a, pour
l’occasion, chaussé d’énormes lunettes noires, puis Steve Hewitt
qui va directement se nicher, sourire aux lèvres, derrière sa
batterie ; et last but not least, Brian Molko qui paraît avoir
acquis une assurance qu’on ne lui connaissait pas il y a encore deux
ans, au Bataclan. Derrière Steve, sur une grande toile blanche se
projettent des photos d’adolescents, en noir et blanc
sur lequel on peut lire Mother at 14, My father is my lover...
Parmi elles et avec un peu d’attention, nous pouvons reconnaître
Steve ou Brian à l’âge de 15-16 ans (I’m scared, inscrit sous
ce, déjà très décalé jeune garçon)
.
Pendant
ce temps, le fascinant trio a pris les choses en mains et enchaîne
Days Before You Came, Allergic, Scared Of Girls, puis Haemoglobin
pendant que l'on aperçoit un monitoring, (écran montrant un rythme
cardiaque) sur lequel se
dessine, au bout des 3mn40, la redoutable et angoissante ligne
d’horizon qui anéantit tout espoirs. Un passage par le premier
album alors s’impose : les accords de Bionic résonnent dans la
salle, avec en paysage le logo de Elevator Music en mosaïque. Arrive
ensuite 36 Degrees repris en cœur par une audience plus que
dynamique. Une ambiance mélancolique s’installe pour Passive Agressive
et Blue American honorés par Stefan aux clavier et mis en valeur par
un fond de scène représentant le drapeau emblématique des États-Unis
en pleine combustion ; geste approuvés par la plupart des détracteurs
ici présents. Afin d’effectuer, comme le dit si bien Mr Molko, une
pause cigarettes, ce dernier abandonne sa guitare pour se consacrer
exclusivement au micro pour Commercial for levi. Subitement, la foule
explose, le temps est désormais au fameux "sucker love..."ou
Every You Every Me. La suite reste dans les sphères tout aussi
majestueuses lorsque s’enchaînent Special
K, un éblouissant Without You I’m Nothing, sans oublier Slave
To The Wage accompagné sur écran
de kilos de papiers passés feuille à feuille au destructeur
de documents . Notre trio quitte alors la scène laissant là le
public, encore abasourdi, se remettre de ses émotions.
Rappel
Après
un courte frayeur le groupe fait son retour sur scène et entreprend
de revenir aux sources avec Teenage Angst suivi de près par
Narcoleptic. Brian se met ensuite au clavier pour Peeping Tom. Les
effets visuels se font de plus en plus fort, Taste In Men parvient aux
oreilles d’une assistance définitivement conquises en compagnie,
sur la toile, d’un individu courant dans une ville en pleine nuit
complètement nu (sic) ; Nancy Boy voit cette fois ci un homme on ne
peut plus banal se travestir au point de ressembler à un clone des
New York Dolls (!).
Comme
bouquet malheureusement final : Pure Morning, évidemment dans
toute sa simplicité et pourtant tout aussi grandiose. Dernières
notes, plutôt amères d’un départ trop rapide, presque frustrant.
Fin, les rideaux se baissent. Après une soirée fertile en émotions,
les yeux agrandis d’angoisse douloureuse, chacun rentre chez soi
.
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